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Éditions des Équateurs
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L'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point. » Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées. Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement. Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux. Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées.
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écrire et dire
Jérôme Garcin, Caroline Broué
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 17 Janvier 2024
- 9782382846995
Jérôme Garcin revient sur les deuils qui l'ont frappé enfant et adolescent, évoque sa passion des chevaux, et se confie sur ces figures familiales dont il a fait des personnages de romans et sur son métier de critique. On connaît la voix de Jérôme Garcin puisqu'il anime l'émission culte « Le Masque et la Plume » sur France Inter tous les dimanches à 20h depuis trente ans ; on connaît aussi son nom puisqu'il signe des critiques littéraires dans les pages de L'Obs dont il dirige les pages culturelles ; on connaît enfin sa plume puisqu'il est l'auteur de nombreux livres, des récits et des biographies romancées, pour lesquels il a remporté des prix comme le Médicis essai (1994) pour Pour Jean Prévost, le Grand prix de littérature Henri-Gal de l'Institut de France (2013) pour l'ensemble de son oeuvre, ainsi que Prix des Deux Magots (2020) pour Le Dernier Hiver du Cid. Il est l'un des phares de la vie littéraire française. Écrire et dire est tiré des cinq entretiens réalisés par Caroline Boidé pour l'émission "À voix nue" (France Culture).
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Deux jeunes gens d'aujourd'hui, deux amis qui rêvent de détachement et de béatitude. Ils ont une vingtaine d'années et ont déjà parcouru l'Europe à pied jusqu'à Israël (voir Le Syndrome de Tom Sawyer de Samuel Adrian). Mais il leur faut le monde.
Ils décident alors de partir à sa découverte au volant d'une antique Peugeot 204, plus âgée qu'eux, chargée de bouteilles de vin et de livres à satiété. Une voiture pour le moins inadaptée aux pistes de la taïga qu'ils vont devoir affronter... Ils quittent la France par l'est, traversent l'Allemagne, la Serbie, la Roumanie, la Turquie, la Russie, le Japon, puis rallient les Etats-Unis où ils tombent sur un pays en plein confinement. Le voyage au grand air devient alors un périple de l'intériorité. Un périple de quinze mois, mais aussi une histoire d'amitié à bord d'un destrier qui menace de syncope et provoque d'immenses éclats de rire. Un demi-siècle après Nicolas Bouvier, ces beatniks du XXIe siècle tracent la route comme d'autres se retirent dans un monastère ou un ashram. Ils font retraite dans le mouvement avec pour seuls mantras : ne pas perdre son temps et se consacrer à l'essentiel. Dans ce livre qui, par son style et l'intensité de son cheminement spirituel échappe à la banalité des récits de voyage, la sagesse est le graal recherché par ces fougueux aventuriers qui se sentent étrangers aux engouements tristes et vides de notre monde à demi virtuel. Tels des personnages beckettiens, ils s'interrogent sur l'absurdité de cette idéologie : faut-il voyager à tout prix ? -
Notre-Dame de Paris ; ô reine de douleur
Sylvain Tesson
- Éditions des Équateurs
- 30 Mars 2020
- 9782849907863
À l'esprit, dans l'ordre : l'effroi, les analyses, les souvenirs. L'effroi, c'est l'impensable mêlé au sublime. Les images du brasier sont belles. Beauté horrifique, gravure en fusion de Gustave Doré. Tout homme a un rendez-vous quotidien avec le paysage qu'il habite. Je vis sur les quais de la Seine, entre l'église Saint-Julien- le-Pauvre où fut enterrée ma mère et l'église Saint-Séverin où fut baptisé Huysmans. Notre-Dame est là, tout près, reine mère de sa couvée d'églises. Je séjourne «sous le commandement des tours de Notre-Dame » (Péguy dans Les Sept contre Paris). S. T.
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L'archipel des ombres : un voyage en Indonésie
Bruno Philip
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 26 Mai 2021
- 9782849907610
« J'étais arrivé à Sumatra sous un ciel couleur chiffon. La mousson. Dans les rues flottaient des odeurs d'épices, de pots d'échappement et de durian. L'Indonésie est un archipel à la nature rebelle, violente et déjantée. À l'histoire sanglante teintée d'opprobre. Un pays-continent chaleureux et disparate qui danse sur un volcan et tremble souvent de toute sa terre. Depuis son occident, je comptais voyager vers l'orient de l'archipel, aller d'îles en îles, passer de Java à Bornéo, gagner l'île Célèbes, jeter l'ancre dans les eaux des Moluques lointaines et terminer ma course en mer de Timor. J'avais été séduit par l'intranquillité de l'Indonésie, le caractère sidérant de ce monde en perpétuel déséquilibre. Au fil de ma dérive, je m'apercevais à quel point ces îles résonnaient sur le tambour de ma mélancolie. » Cultivant sans vergogne une « nostalgie anticipatrice » pour les êtres et les choses menacés d'extinction, fasciné par ce pays sur la tangente qui hésite entre deux époques, l'auteur nous entraîne dans un voyage débridé au travers de l'Indonésie. Une errance qui se déploie sur des terres de fantaisie, de poésie et de cruauté. Dans les quartiers coloniaux abandonnés de Medan, à Sumatra, il rencontre des mafieux d'extrême-droite, à Djakarta, il fraie avec des voyous des bidonvilles, au coeur de Java, il met ses pas dans ceux de Rimbaud, à Bornéo, il erre chez d'anciens coupeurs de tête, dans les lointaines Moluques, il est convié dans le palais du sultan d'un monde en perdition, ailleurs, après un voyage mouvementé sur un cargo rouillé, il traque des voleurs de petites culottes sur une île au-dessous du volcan. Dans ce vaste continent qu'il a choisi pour y dérouler les complaintes de son incorrigible penchant pour « le temps jadis », il poursuit des ombres. Les siennes mais aussi celles de l'archipel, ces « âmes » en cours d'engloutissement dans le grand entonnoir de la globalisation.
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Des afghans et des fleurs
Oriane Zerah
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 12 Octobre 2022
- 9782382842416
« Mes photos racontent l'Afghanistan en prenant pour fil rouge la relation singulière que ses habitants entretiennent avec les fleurs. La grâce des corolles, la fragilité des calices sont-elles compatibles avec le régime des talibans ? » Quelques semaines après son évacuation, Oriane Zerah est de retour chez elle, en Afghanistan. Elle raconte sa nouvelle vie sur cette terre à laquelle elle se sent viscéralement attachée, les plaies ouvertes d'un pays rendu exsangue par plus de quarante ans de guerre, la douloureuse adaptation d'une partie de la société au nouveau régime, la peur, les représailles, mais aussi l'espoir. Oriane Zerah nous entraîne à la rencontre de poètes illettrés, d'un haut gradé taliban en veine de confidences, de femmes qui résistent, de cultivateurs d'opium inquiets pour leur récolte, d'un maître espion au service du Pakistan, de collégiennes empêchées d'étudier, d'un trafiquant d'alcool, d'opposants qui se cachent, des soldats qui les pourchassent. Mais aussi et surtout des Afghans et des fleurs, comme les « Flowers Brothers » rencontrés à Khost, installés dans une maison rose et qui ornent leur pakol de calendulas. De Kaboul à Kandahar, des montagnes de l'Hindu-Kouch au marché de Jalalabad, des champs de fleurs de pavot aux étendues de roses et de crocus, la palpitante odyssée d'une Française dans ce pays insondable qu'est l'Afghanistan.
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À vingt-six ans, j'ai découvert que mon grand-père était un héros en lisant son livre sur le ghetto de Minsk, où il avait fondé le principal réseau de résistance. Après être rentré en Pologne, une fois la guerre achevée, il finit par émigrer en Israël : il y est mort. La passion de sa vie était le communisme.
Mon père aussi a quitté la Pologne après les répressions contre les étudiants en mars 1968 et la vague d'antisémitisme. Il devint une figure majeure du mouvement démocratique à l'étranger. La passion de sa vie est son pays.
Je suis arrivé en Israël comme correspondant du journal Le Monde en 2014. J'ai assisté à la mise sous tension identitaire de la démocratie, à la montée de l'intolérance et à la polarisation du débat public. Au moment de quitter le pays, j'écris ce récit qui est un voyage au bout de la loyauté : à quoi devons- nous être fidèles ?
Ce livre croise nos trois parcours, marqués par l'effacement commun de nos origines. En ces temps d'assignation identitaire, nous sommes de mauvais Juifs.
P.S.
Né en 1974, Piotr Smolar est grand reporter. Il a notamment publié Gloubinka, promenades au coeur de la Russie -
L'histoire de l'olivier est secrète et intense. Fragile, il aime la paix et ne s'épanouit que lorsque la folie des hommes s'atténue et laisse place à la douceur de la vie. Mais l'olivier puise sa bienveillance de plus loin : il a en lui le don de la mémoire. Devant l'ignorance, la bêtise et le découragement, il suffit de regarder les feuilles argentées de l'olivier danser au rythme de la brise et épouser la course du soleil dans le ciel pour puiser courage et volonté. L'olivier est un géant au coeur lumineux.
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Autoportrait en nature morte
Jean-paul Iommi-amunatégui
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 5 Février 2020
- 9782849907122
Pourquoi l'auteur s'est-il un jour intéressé aux natures mortes, ces peintures, d'un genre longtemps qualifié de mineur, qui, de Pompéi à Picasso, rythment l'histoire de l'art ? Peut-être parce qu'elles ressemblaient à sa vie : depuis des lustres, hormis l'écriture, il avait cessé toute activité publique, et, avec une jubilation paradoxale, se comparait volontiers à une cruche, une pomme, une chaise. Mais pourquoi écrit-on, alors qu'on a tout quitté ? Pourquoi, quand on a choisi les catacombes, reste-t-on toujours sensible aux critiques éventuelles ?
C'est à travers le parcours chaotique de l'histoire de la peinture et de l'histoire de sa vie, que l'auteur s'arrête sur toutes ces questions : il ne cherche pas tant à y répondre qu'à les ouvrir, à les laisser ouvertes, peut-être enrichies par une si curieuse attention. Ni récit ni essai (et tout cela à la fois), cet ouvrage pour le moins singulier, ne défend aucune thèse, n'interprète rien, c'est un cheminement solitaire qui parfois, par sa construction même, ressemble à un labyrinthe.
On y croise aussi bien Mallarmé et Van Gogh, que Bernard Frank et Goya, Samuel Beckett et Zurbaran, Mme de Sévigné et Picasso, Proust et Morandi, saint Augustin et Matisse, Michel Leiris et Cézanne, Freud et Manet, Musil et Soutine, Talleyrand et Hammershoi, Kafka et la dynastie Tcheou, Borges et les dinosaures, et peut-être surtout l'auteur lui-même, ses fantômes, ses hantises, ses attentions, ses négligences et son grand amour depuis longtemps perdu. -
J'ai rêvé, cette nuit, que le juge Roban existait et qu'il ne voulait pas me rencontrer. Il était grand et fort, avec une barbe grise. Subitement il me demandait : « Qui êtes-vous pour parler de moi ? ». Avant que j'aie pu répondre il m'avait tourné le dos. Pendant près de quinze ans, Philippe Duclos a incarné aux yeux du grand public le juge d'instruction François Roban au point de susciter des vocations de magistrat. De cette longue fréquentation, il tire un récit subtil, entremêlant le journal fictif de son personnage et son carnet d'acteur. Quels sont les secrets de ce juge rigide, introverti, d'une honnêteté confinant parfois à la naïveté ? Comment l'acteur invente-t-il ses gestes, ses émotions au point qu'ils surgissent presque par surprise, instinctivement ? Le juge et son fantôme est un intriguant jeu de miroir, un chassé-croisé vertigineux entre l'interprète et son personnage. Mais qui double qui ?
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Le 4 août 2020 à 18 heures et 7 minutes, la narratrice se voit propulsée sous le bureau de sa thérapeute. Elle est à quatre pattes, entre son mari et leur psy. Une bombe vient de ravager Beyrouth. Une apocalypse. Et le scénario en train de se produire dans ce cabinet : celui d'un couple en déliquescence. La narratrice est une affranchie. Elle veut vivre tout de suite et tout à la fois. Être mère, épouse et écrivaine, « beauvoirienne » et pondeuse multi-récidiviste. Plutôt que de choisir, elle a embrassé la multitude : femme remariée, mère de cinq filles, auteure de nombreux livres, écartelée entre Beyrouth et Paris, entre sa soif d'écriture et ses maternités, entre la joie de l'enfantement et l'instinct de fuite. Son énergie vitale est ce prix, c'est une bombe à retardement. Comme son couple, tiraillé entre un homme analyste et une femme guidée par les méandres de l'écriture. En bref, « la rencontre d'une centrale nucléaire avec une éolienne ». Comme cette ville qu'est Beyrouth, fendue, divisée, sectionnée de toutes parts, par les guerres, les rancoeurs entretenues, jusqu'à cette ultime désintégration. La narratrice n'a plus que l'écriture pour consolation. Elle prend la plume à bras le corps et nous offre un récit d'une puissance inouïe où se reflètent jusqu'au vertige l'explosion de la ville et la déflagration intime, la dérive orwellienne de notre planète et l'hyper-connexion des êtres humains qui évoluent désormais « en distanciation sociale ». On retrouve le style plein d'humour et de rage de vivre de Hyam Yared, ses réflexions sur le sens de nos vies, la sexualité, le couple, la maternité, l'inadaptation au monde délirant dans lequel nous vivons... et l'amour qui triomphera toujours de la fin du monde.
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« J'irai de l'Aral à la Caspienne. Je gagnerai l'Azerbaïdjan à bord d'un ferry. De Bakou, je cheminerai vers la Turquie par la Géorgie. A pied, à vélo, je ne le sais pas encore, mais loyalement, sans propulsion motorisée.
Au bout de ma route, j'aurai relié trois mers, abattant le même trajet que celui d'une larme d'or noir de la haute Asie convoyée à travers steppes et monts pour que le monde poursuive sa marche folle. Profitant de cette traversée de terres à hautes valeurs pétrolifère, je consacrerai mon temps d'avancée solitaire à réfléchir au mystère de l'énergie.
Celle que nous extrayons des strates de la géologie mais aussi celle qui attend son heure au plus profond de nous. Pétrole et force vitale procèdent du même principe : l'être humain recèle un gisement d'énergie que des forages propices peuvent faire jaillir.
Pourquoi nos ressorts nous poussent-ils à l'agitation au lieu de nous convertir à la sagesse zen ? » S.T. -
Caroline Poiron et Gilles Jacquier sont journalistes de guerre. Ils s'aiment. Ils viennent d'avoir des filles jumelles. Le 11 janvier 2012, ils sont à Homs, en Syrie. Ils ne se quittent pas des yeux. Un moment, Gilles s'absente. Il est tué à la dérobée. Assassiné. C'est une mort illégitime.
Début d'une autre guerre, intime cette fois. Caroline sombre dans la dépression, se relève, s'occupe de ses enfants. Elle habite le quartier de la Bastille à Paris quand ont lieu les attentats contre Charlie puis le Bataclan. Les crépitements des kalaches la rattrapent sous sa fenêtre. Caroline est atteinte du syndrome post-traumatique. Elle devient alors une autre : Jeanne, le pseudonyme qu'elle utilisait comme signature pour ses photos de guerre. C'est aussi le prénom de sa grand-mère, une femme qui connut les temps noirs de l'Occupation et dansa à la Libération. Ce livre est un témoignage au souffle inouï, où le réel est transfiguré par la spiritualité, le récit du triomphe de la lumière contre le royaume des ombres.