Dans un jeu de questions-réponses, Alexis Tiouka raconte les luttes qui animent les peuples amérindiens de Guyane depuis les années 1980, et dont il a été lui-même acteur.
Il retrace le parcours de la première génération de leaders du mouvement autochtone guyanais, passée par les « homes indiens » et l'école française. Du grand rassemblement des Amérindiens de Guyane en 1984 aux revendications pour la terre et aux négociations internationales : quatre décennies de luttes ont façonné le mouvement autochtone guyanais.
Pourtant, 10 ans après l'adoption par les Nations Unis de la Déclaration des droits des peuples autochtones, la France a toujours tendance à oublier qu'en faisant des Amérindiens des citoyens français, elle inscrivait de fait la question de la diversité au sein de la République.
Severo Blanco est un négrier rusé et ambitieux, prêt à tout faire pour s'enrichir. Son bateau échoue un jour sur les côtes africaines et il parvient à capturer les meilleurs hommes afin de les réduire en esclavage. Même le puissant magicien Taïta Osongo se retrouve enchaîné sur le chemin des plantations caribéennes... Mais la richesse et la puissance ne préservent pas Severo Blanco du malheur. Sa propre fille sera la première à oser le défier, et un ennemi oublié réussira à lui rendre coup par coup toute sa méchanceté.
Un conte nouveau où l'auteur cubain réveille plusieurs traditions pour aborder les grandes questions humaines de la lutte contre l'oppression des plus faibles.
Prix Carbet de la Caraïbe 2001
Le Nègre du Gouverneur (1978) est suivi de Guyane pour tout dire (1980) et Le mal du pays (1980), deux longs poèmes.
Au-delà de l'intérêt historique, de l'intrigue bien menée et d'une technique narrative fondée sur la mise en abyme, cette chronique est ainsi une interrogation de Serge Patient sur l'idéologie de l'assimilation, un siècle après l'abolition de l'esclavage et trente ans après la loi de la départementalisation de 1946. Qu'elle s'appelle assimilation, intégration ou même marronnage intérieur, cette quête n'est-elle pas une illusion ? l'esclavage, il n'y a qu'une alternative : la liberté totale, ou alors la soumission totale.
Questions toujours d'actualité, n'est-ce pas, en ces temps où le « changement de statut » remplace, dans le langage politique comme dans le discours social, les trop illusoires « indépendance », « autonomie ». Mais attention, nous sommes dans un de ces pays où une illusion en appelle toujours une autre.
Laurence, jeune femme active, quitte le foyer familial pour s'installer dans son propre appartement. Au cours d'une soirée chic, elle fait la connaissance de Mike, jeune responsable commercial au charme dévastateur, qui la séduit immédiatement grâce à sa joie de vivre et sa galanterie. Elle partage avec insouciance sa vie de fêtes et de prestige.
Mais, jour après jour, le portrait de Prince Charmant moderne de Mike s'écaille laissant deviner un être manipulateur, spectre d'une vie pleine de paillettes, qu'elle n'aurait jamais imaginé. Aveuglée par son amour pour lui, elle le laisse l'entraîner sur la pente d'une dangereuse addiction à la cocaïne.
C'est alors pour cette jeune femme, une inexorable descente aux enfers.
Quand les voies de l'amour et de l'ambition vous mènent sur les chemins de la dépendance, être fort c'est parfois savoir demander de l'aide...
Fables de La Fontaine, travesties en patois créole par un vieux commandeur.
Dépi nanni-nannan, ni moun ka matjé fab an kréyol ek nou pé di ki sé kanman litérè a ki trapé plis siksé jik jòdi-jou. Sé pa koté Moris ek La Rénion, épi dé matjè blan kréyol kon F. Chrestien (1820) ek L. Héry (1828), ki lanmod-tala tijé. Atè sé péyi kréyolopal l'Anmérik la, sé an Bétjé matinitjé, François Marbot, ki batjé adan sa primié douvan épi an liv yo ka kriyé « Les Bambous. Fables de La Fontaine travesties en patois créole par un vieux commandeur ». Apré'y, nou ka jwenn Gwadloupéyen kontel P. Baudot (1860), Guiyanè kontel A. de Saint-Quentin (1874) oben Ayisien kontel G. Sylvain (1905). Pannan tout xxè siek-la, moun kontinié matjé bon enpé fab atravè bannzil kréyol la.br>
Sé an lanné 1846, kivédi anni dé lanné avan labolision ladjoukann, François Marbot, ki té an fonksionnè Lamarin (é pa an plantè kann), pibliyé liv-li a. Tit liv-la za ka montré nou ki chimen i té lé pwan ek, lè nou ka fè tan jété an zié anlè moral sé fab-la, nou ka konpwann lamenm : Marbot té ka défann kou koupé lod djoukanniè a. Men abo larel-lidé'y té kon sa, nou pé di ki i mété an brik adan konstriksion gran masonn litérati kréyolopal la. I pèmet lang-lan sòti adan pawol palé pou batjé adan pawol matjé ek, abo i pa té ka rikonnet kréyol kon an vré lang men kon an « patwa », liv-li a ba lang-lan an fos, an balan i pa té janmen ni avan.br>
Nou pé pa di Les Bambous sé an metpies-liv kon Fab Konpè Zikak éti Gilbert Gratiant, an Milat matinitjé, mété déwò nan lanné 1958, kivédi pres yon siek pli ta, men liv Marbot a ka chayé anlo endik ba nou asou léta lang kréyol-la nan mitan xixè siek-la ek sa krey-sosial bétjé a té ni nan lespri'y an lépok-tala. Sé pou sa yo viré édité'y senk fwa ek adan dènié édision-tala, nou ka ba zot teks-la adan dé model lékriti diféran : ta Marbot a ek nouvo grafi gerec-f la. Nou fè an tradiksion nef tou davwè ta Michel Thaly a, adan édision 1976, la té ni anlo lérè ki grav andidan'y.br>
L'auteur
François Marbot, ki fet lè 29 mé 1817 atè Foyal (ansien non Fodfwans), té yich an Bétjé-Fwans ki té enstalé kò'y Matinik nan koumansman xixèsiek-la. An lanné 1829, Marbot ka antré adan ladministrasion Lamarin kon papa'y menm ek i ka sèvi Matinik, Gwadloup ek Guiyàn pannan pliziè lanné. An 1863, i ka trapé an pos ki pòtalan toubannman : owdonatè La Rénion ki sé pres an pos gouvènè. Men lanmò ka baré'y twa lanné apré, lè 31 oktob 1866 La Rénion éti i téré. Sé lè i té Matinik, an 1846, kivédi dé lanné avan labolision ladjoukann, i pibliyé sel liv-li, Les Bambous. Fables de La Fontaine travesties en patois créole par un vieux commandeur, ki trapé anpil siksé ek ki yo ka viré édité jik jòdi-jou.
Prix Carbet des lycéens 2006
Thibault vient d'être reçu à un concours de la fonction publique, il choisit la rue Oudinot comme affectation. Il accompagne cette nouvelle, qu'il annonce à son père, libraire du 15e arrondissement de Paris, des résultats d'une analyse qui prouve sa filiation. Pourquoi une telle démarche?
Ce roman, dont le récit se construit sur trois siècles nous entraîne dans les méandres de la génétique et d'une histoire délibérément dissimulée.
L'histoire littéraire de la Guyane, longtemps méconnue, fournit une abondante matière à des analyses théoriques rigoureuses, des rapports entre littérature, société et culture. Depuis les pétroglyphes, jusqu'aux auteurs du début du xxie siècle, c'est à un véritable voyage à l'intérieur de la Guyane littéraire auquel l'auteur convie le lecteur. Celui-ci retrouvera des noms célèbres, comme René Maran, Léon-Gontran Damas, Félix Eboué, ainsi que d'autres, moins connus, qui méritent d'être découverts.
?La Guyane n'est souvent connue qu'au travers des clichés et des idées reçues. Il aura fallu l'aventure spatiale française et européenne pour ébranler le mythe de l'enfer vert que l'époque du bagne a épinglé à l'image déjà largement ternie par une histoire turbulente et violente, d'un bout de terre française en Amérique du Sud. De fait, la Guyane est souvent mal connue et rarement comprise. Cette terre de contrastes, d'extrêmes et de richesses variées mérite pourtant que l'on s'y intéresse pleinement. Cette perle de paix dans une région de misère et de violences offre à qui y consent quelque attention mille trésors.
L'ouvrage du Commissaire Capitaine Romain Petit est une excellente introduction à la Guyane. Fruit d'un travail personnel remarquable, il aborde tous les domaines avec passion et une grande objectivité. Sans tabous, l'auteur y traite de l'histoire, de la politique, du rôle des syndicats, du port spatial européen et des enjeux de défense.
En novembre 2008, Elie Domota, alors secrétaire général de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (ugtg), déclare au sujet de la flambée des prix des carburants : « Les Guadeloupéens ne sont pas des vaches à lait. Ils en ont marre de se faire escroquer ».
On est alors bien loin de présager la tournure des évènements à venir en Guadeloupe et dans les autres départements français.
Pouvoir d'achat en baisse. Sentiment d'injustice par rapport aux tarifs à la pompe. Chômage toujours élevé. Crise économique mondiale. Climat social extrêmement tendu.
Le LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon) est créé et sur toutes les lèvres un mot résonne : pwofitasyon. La Guadeloupe s'embrase.
Sous la forme d'un abécédaire, Mylène Colmar et Axelle Kaulanjan-Diamant nous expliquent le mouvement général historique du 20 janvier au 4 mars 2009 en alliant des faits journalistiques et des analyses sociologiques.
?Albert Béville (1915-1962), de son nom de plume Paul Niger, aura marqué de son empreinte la littérature négro-africaine et antillaise ainsi que l'histoire politique des Antilles et de la Guyane. Poète, romancier, essayiste, militant politique, il est du premier cercle autour d'Alioune Diop qui va porter sur les fonts baptismaux la revue Présence Africaine. Initiateur avec, entre autres, Édouard Glissant du Front des Antillais et Guyanais pour l'autonomie, dissous par de Gaulle, il portera une critique radicale de l'assimilation et sera un des penseurs fondateurs du «?nationalisme » antillais.
Florilège de témoignages : Aimé Césaire estime qu'il « a été un des ouvriers de la résurrection de l'Afrique. [...] Son expérience des affaires administratives, sa connaissance du monde, sa probité intellectuelle, son tranquille courage, sa mesure, [...] faisaient de lui, un leader irremplaçable » ; pour Édouard Glissant « Albert Béville était parmi nous irremplaçable » ; et Guy Tirolien, « ne pense pas qu'il y ait beaucoup de Guadeloupéens qui aient été aussi favorisés par le destin pour faire un tel travail de jardinier intellectuel ».
Entre guerre et dominations religieuses, faiblesses humaines et militaires, l'implantation du catholicisme est improbable aux premiers temps de la colonisation en Guyane.
Quand l'identité du royaume de France - et donc du catholicisme - est considérée comme acquise, les jésuites doivent s'atteler non pas à une mission en Guyane, mais à un triple apostolat : d'abord auprès des colons venus de France et d'Europe dont il est difficile de conserver une conduite chrétienne, auprès des Amérindiens si déroutants par leurs croyances et leur mode de pensée au point de déstabiliser, parfois, les méthodes jésuites, et enfin auprès des esclaves qui soulèvent peu d'enthousiasme évangélique.
Les Compagnons de Jésus mènent une colonisation temporelle par les habitations qu'ils possèdent, par le collège dans lequel ils enseignent, par le palais dans lequel ils brillent ; mais le centre de leur mission apostolique est avant tout une colonisation spirituelle. Riches de leurs expériences mondiales, ils s'adaptent, affinent leur méthode de quadrillage spirituel du territoire, allant à l'ouest avec Kourou et Sinnamary, à l'est sur l'Oyapock.
Cet élan missionnaire devra brusquement s'interrompre, pour ouvrir la voie à d'autres destinées religieuses.
?Cet ouvrage se veut support de transmission ; nous souhaitons y montrer la richesse des musiques vocales et instrumentales parikwene (palikur), et contribuer plus généralement à une meilleure connaissance de cette culture.
Lors de la préparation de ce livre, les séances de travail, collectives, ont permis d'identifier les répertoires et de les décrire, de commenter les modalités de leur transmission, d'engager un travail d'écriture à plusieurs mains.
Pival, musicien, grand connaisseur de sa culture, et en particulier des danses pour clarinettes aramtem.
Berchel Labonté, responsable culturel, président de l'association culturelle Takaa.
Ady Norino, responsable culturel, chargé des archives parikwene.
Jean-Michel Beaudet, chercheur - enseignant, anthropologue de la musique et de la danse.
Texte bilingue franco-brésilien.
Ce récit tente de raconter, au rythme d'un calendrier imaginaire, un condensé de ressentis, d'actions, de réactions aux rencontres, d'éléments prévisibles et inattendus ayant jalonné sur dix ans la réalité de mes jours marquée par l'inconscient de mes nuits. Quelques huis de mon parcours vital dévoileront sous forme d'allers-retours dans l'Entre-deux, l'envers ou le décor d'événements personnels et/ou politiques fondamentaux qui ont changé le cours des choses, de voyages intérieurs et extérieurs, de migrations, d'acculturations et d'échanges, ornés de joies côté face, parsemés de douleurs côté pile... Une existence de funambule jonglant sur les frontières. Pile ou face, le jour face à la nuit ; pile, l'enfance, face, la maturité. Pile, la mort ; face, la vie, ou le contraire, comme toutes les vies, de janvier à décembre, de mois en mois, une vie à pile ou face.
Aux Antilles, dès le coucher du soleil, les grenouilles font un vacarme incroyable ! « An tan lontan », c'était dans la journée qu'elles se réunissaient. Mais un jour, le soleil se fâcha :
- Mesdames les Grenouilles, taisez-vous donc un peu ! Vous n'arrêtez pas de jacasser et tout le monde se plaint de vos commérages !
- Nous ne disons rien de mal, répondirent les grenouilles vexées. Juste quelques politesses entre voisines...
Savez-vous que les grenouilles ne chantent que la nuit parce que Monsieur Soleil les a punies de leurs commérages ? Au coeur du paysage exotique des Antilles, Mesdames les Grenouilles est une invitation à découvrir les animaux antillais, un album drôle et coloré.
Grande passionnée de la littérature pour les enfants, Danièle Fossette leur a déjà consacré des dizaines de livres. Olivier Copin est un talentueux artiste-peintre et illustrateur qui enseigne aussi les arts plastiques en collège.
Gilbert Pago nous retrace la résistance des femmes des campagnes martiniquaises dans les 22 années qui ont suivi l'épopée de 1848.
L'auteur relate cette dure page à travers le personnage de feu que fut Marie-Philomène Roptus, mieux connue sous l'appellation de Lumina Sophie dite Surprise, une des insurgées les plus actives de l'Insurrection de 1870 dans les campagnes du sud de la Martinique.
De Surprise, celle dont on a dit qu'elle fut la figure de proue de la révolte, l'image même de ces femmes représentant la flamme de l'insurrection, la biographie manquait !
Gilbert Pago lui rétablit son identité, fait découvrir son lieu de naissance, la campagne de son adolescence. Il nous fait connaître sa grand-mère, sa mère, son frère, ses oncles et tantes, ses cousins et cousines, sa filleule, son concubin et son fils. Il nous décrit l'univers impitoyable que fut le bagne de Saint-Laurent-du-Maroni où elle passa les huit dernières années de sa vie avant de mourir à l'âge de 31 ans.
Il nous fait défiler l'histoire passionnante, douloureuse et tragique de Marie-Philomène Roptus dite Lumina Sophie dite Surprise, insurgée et bagnarde, femme-flamme du Sud en révolte.
Entrées dans l'Histoire en même temps, voilà quatre cents ans, la Nouvelle-France et la France équinoxiale ont connu des destins bien différents.
À l'origine cependant, d'intrépides personnages en robes noires ont fait le même pari d'aller conquérir les âmes des Peaux-Rouges peuplant les vastes territoires de ce qui allait devenir le Québec et la Guyane.
Peu nombreux, mais animés d'une foi hors du commun, les missionnaires de la Compagnie de Jésus initiaient ainsi une aventure aux fortunes diverses...
Ad Majorem Dei Gloriam !
Toutes les musiques créoles sont filles de l'Histoire, de notre histoire, celle des enfants de l'esclavage sur le sol américain. Comme les langues créoles, les musiques et danses traditionnelles sont au carrefour des cultures africaines et occidentales. Elles sont, comme nous, un produit de l'Histoire et véhiculent des symboles, des codes sociaux qui échappent certainement aux non-initiés et qui échapperont peut-être aux enfants de demain.
Ce livre a pour vocation de sauvegarder et de faire découvrir un aspect essentiel de la culture créole : les rythmes et musiques au tambour (comme le kasékò, le léròl, le grajé ou encore le labasyou), les chansons traditionnelles les plus connues ainsi que les danses et costumes créoles.
Ce livre s'adresse à tous ceux qui désirent découvrir l'âme de la culture antillo-guyanaise, à ceux qui souhaitent préserver les traditions de leurs aïeux, et à ceux qui veulent enseigner les musiques et danses créoles au tambour.
Voici un vrai roman créole avec des personnages de chair et de sang, des circonstances de lieux et de temps qui nous renvoient à la Guyane de la première moitié du xxe siècle.
Lyne-Marie Stanley réssuscite une famille guyanaise de la campagne qui a succombé à la fascination de la ville, mais essaie de retrouver les solidarités paysannes de l'habitation et du mayouri. La saison des abattis, c'est le temps de la nostalgie des travaux et des jours, et des rires, des chants et des danses qui faisaient de la vie une récréation festive et chaleureuse.
Dans ce roman, trois belles figures de femmes guyanaises se racontent. D'abord Man Nana, la grand-mère, « petite-fille d'esclave et descendante de Nèg'marrons », obsédée par l'éclaircissement de sa progéniture. Céphyse, sa fille, qui donnera la vie suite à une passion irraisonnée et enfin Palmyre la jeune adolescente qui est « instinct, nature et sensualité ».
Une trentaine d'historiens présentent dans cet ouvrage Histoire & Mémoire un éclairage nouveau et varié sur la Guyane au temps de l'esclavage, période de genèse de nos sociétés contemporaines. A travers des discours sur la Guyane française au temps de l'esclavage, ces chercheurs s'interrogent sur des problématiques telles la traite, le statut et la police des esclaves. L'analyse historique peut rendre intelligible les pratiques économiques au temps de l'esclavage, mettre en évidence les postures de rebelles, décrire les rapports complexes entre la religion et l'esclavage. Elle met aussi en lumière comment la société guyanaise inscrit, aujourd'hui, l'esclavage dans la mémoire collective. Cet ouvrage a pour ambition d'offrir des clés pour aborder un période historique complexe et tente d'élargir des champs peu explorés de la recherche scientifique.
Plusieurs fois par an, je me rends à Anduze pour rendre visite à Joseph Zobel et rester quelques jours avec lui. Il y a un mois, cependant, je ne m'attendais pas à le retrouver à l'hôpital d'Alès. Mon épouse et moi lui avons pris les mains, comme pour accompagner sa fuite vers les îles. Il ne nous a reconnu qu'à notre départ. Trois jours plus tard, Joseph va mieux. Il nous reconnaît, fait le joli coeur auprès de Christine :
- Que vais-je offrir à cette dame ?
Il lui prend la main, joue avec le cabochon qu'elle porte au doigt.
- Mais je lui ai déjà offerte cette bague.
Plus tard, l'infirmière lui apporte deux yaourts qu'il refuse sans ménagement.
- Ah, ma chère, dit-il doctement à Christine, le boudin antillais, c'est quand même autre chose !
Au moment où, rassurés, nous prenons congé de lui, nous n'avons pas fait dix mètres dans le hall que je l'entends crier, avec toute sa vigueur d'autrefois.
- José !
- Viens-là, me dit-il en faisant signe de l'approcher. Tu te rappelles ce jour où nous avons fait la sieste ensemble dans ma chambre de la maison de retraite.
- Oui !
- Et bien je vais te dire quelque chose.
- Quoi ?
- La prochaine fois, on fera un repas tout simple, mais ni toi ni moi ne sommes capables de le faire. Francis peut-être en approcherait : mais ce ne sera pas ça ...
- Quoi ?
- Le boudin créole.
Le soir même, j'ai commencé à écrire ce livre...
José Le Moigne, Lodève, 5 mai 2006
« Aujourd'hui à l'heure où d'autres naissent, Monsieur Sainte-Rose est mort paisiblement allongé dans son hamac. » Dans le village, la nouvelle se propage grâce à devant-le-chinois.
Devant-le-chinois, c'est quelques mètres carré de bitume fatigué et quelques bornes contre lesquelles s'appuyer délimités par un vague muret. L'entrée du seul magasin du village, c'est surtout le théâtre où viennent se rencontrer tous les visages, toutes les histoires et toutes les langues de ce petit recoin d'Amazonie. Il y a Monsieur Sainte-Rose le vieil Haïtien, Lacolle, bagarreur impénitent et amoureux de littérature, Alinata le Malien aux chaussures impeccablement cirées, Kouka l'orphelin, Apunto le Saramaca mystérieux, et bien d'autres encore.
Dans ce roman d'une remarquable finesse, l'auteur s'attache à l'existence des « sans-trace » dont il effleure l'humanité terrée au fond de chacun d'entre eux. Devant-le-chinois se côtoie tout un monde, souvent rugueux, parfois violent, mais toujours riche du besoin de partager un verre ou une histoire, aux sons mêlés de la brega, du reggae et du kasékò.
L'art rupestre est un phénomène universel que l'on retrouve sur les cinq continents. Il témoigne de la pensée de l'homme, de ses rites, de ses mythes et de sa vie quotidienne. Les travaux réalisés par Marlène Mazière ont pu mettre en évidence la richesse de ces témoignages laissés par les amérindiens présents sur le territoire de la Guyane. Cet ouvrage, illustré de nombreuses photographies, relevés et croquis, offre à notre connaissance 15 sites de roches gravées, 1 site à peinture rupestre et deux sites d'assemblages et alignements de pierres actuellement répertoriés et nous laisse entrevoir le potentiel certainement important encore conservé au sein de l'immense sylve amazonienne. Les résultats de ce travail présentent un inventaire des sites et des unités gravées ou peintes, l'étude des techniques et des styles, des essais d'interprétation mais aussi, ponctuellement, l'étude des phénomènes qui participent aux processus de dégradation de l'art rupestre de plein air et son extrême fragilité.
L'analyse des différentes techniques utilisées fait apparaître une grande diversité dans l'expression figurative et une réelle maîtrise dans l'art de s'exprimer par la représentation graphique.
Les essais d'interprétation présentés par l'auteur, avec beaucoup de prudence, créent un lien avec le chamanisme, système de croyances à composantes multiples, très présent dans les modes de vie et de pensée des peuples amérindiens. Les rites, les mythes et les coutumes guident nos interrogations vers la recherche d'un « sens ».
Dans ce premier roman, Rachelle Nagau fixe en certitude sa fervente communion de pensée et d'espérance avec l'histoire, la réalité et la fiction. Son souffle long l'entraîne dans un univers baigné par une source dans laquelle elle abreuve sa culture et noie la fièvre, les joies et l'angoisse de ses personnages. Les contours des intrigues se dessinent comme une toile de Picasso aux multiples visages.
Le principal est celui d'Ydak : jeune et belle fille d'origine caraïbe, qui s'attache par inclination rémanente à Yuruku un prisonnier arawak.
[...] Rachelle Nagau jette un regard poétique sur les ancêtres, les forêts, la mer, le sable, les croyances, et même sur la mort : approche magnifiée d'un au-delà qui unit les âmes et confère à l'amour noblesse et somptuosité.
Extrait de la préface d'Arsène Monrose
« Guyane, pour tout dire », vaticinait le poète Serge Patient. Car, comment dire ? Et quoi dire ? Tâche difficile voire impossible, mais entreprise salutaire. Aussi bien, à son exemple, faut-il que tour à tour chacun ait à coeur de s'interroger, au lieu de l'origine, au premier commencement de l'inquiétude identitaire collective. Qui et quels sommes-nous ? Qu'est ce pays devenu ? Quelle en est la raison d'être, le centre de gravité ? A cette question entêtante, aujourd'hui comme naguère constamment recommencée, s'il est une réponse peu ou prou éclairante, d'utiles éléments en sont d'ores et déjà, là, réunis. Ce pour quoi il est de bonne méthode de relire Michel Lohier. Toute modeste soit-elle, son oeuvre est un viatique au sens propre du mot. Pour remonter à la source du fleuve, à travers les forêts amazoniennes, il est un guide discret mais des plus fiables.
Extrait de la préface du professeur Roger Toumson