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La peuplade
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Automne 1942, près de Besançon, Jacquot, Pinou et Suzanne se cachent sous les ruines du château de Montfaucon, dans une grotte où résiderait le Diable. À la surface, un officier nazi sans visage, le SS-Sturmbannführer Peter Pannus, les traque comme le ferait une bête sauvage, rôdant autour du château et de la petite épicerie de madame Beugnot. Il sera dit, plus tard, que cet homme glaçant au passé mystérieux soupçonnait ces enfants de posséder d'immenses pouvoirs. Des pouvoirs qui auraient pu changer le cours de la guerre. Aucun élément certain n'étaye ces rumeurs, bien sûr. Mais comment expliquer cette étrange lumière verte, que plusieurs témoins ont rapporté avoir vu s'échapper du monstre et de ses victimes ?
Poursuivant son exploration de l'Histoire dans le style du réalisme magique, Paul Kawczak revisite ici la période de l'Occupation. Littéraire et politique, Le bonheur fait d'une aventure palpitante une réflexion sur la solidarité, l'art et la démocratie. Un hommage aux enfants sacrifiés sur l'autel du fascisme, ainsi qu'aux femmes qui les ont protégés. -
Emelie aime la pulsation de la ville, les foules, elle enchaîne sans compter les contrats et les soirées. Mais un jour, Emelie s'effondre. La jeune professionnelle se voit contrainte de partir s'isoler dans l'arrière-pays suédois. Se croyant déconnectée de tout, elle croise le chemin d'une communauté marginale, composée de sept individus aux destins déconcertants. Entre eux, ils ont inventé un système de gouvernance et des procédés d'autosuffisance. Ils récoltent, bâtissent, dansent, se baignent, dorment blottis sous Grand-Sapin. Comment diable ont-ils abouti dans cette vie insolite ? Arrivée de l'extérieur, Emelie leur apporte une question redoutable : Sont-ils heureux ? La colonie propose, avec humour, intelligence et émotion, de faire l'expérience, par le biais de la fiction, d'une tentative d'émancipation collective.
Couronné de prix littéraires prestigieux, immense best-seller traduit dans une quinzaine de langues, l'original premier roman d'Annika Norlin est un véritable phénomène en Suède. -
Quand Hava emmène son arrière-petit-fils, Youssouf, chez la voyante, cette dernière prédit qu'il deviendra prophète. Dans le petit village bulgare où Youssouf grandit, musulmans, juifs et chrétiens vivent en bonne intelligence, et les traditions du Livre se mélangent dans un folklore magique qui enveloppe la vie à la manière du parfum de lavande des champs alentour. C'est un monde qui glisse constamment du songe à la réalité. Youssouf explore le ciel en ballon à hélice, s'envole vers la lune, rêve les yeux ouverts devant les classiques de la littérature et goûte au bonheur avec l'insaisissable Hazal. Puis vient l'âge adulte, le départ pour la ville, la perte du sentiment de complétude. Youssouf retournera au village, tenter de retrouver le garçon à la lavande qu'il était et devenir en sept jours, tels les jours de la création, le romancier qu'il a toujours été.
À l'ombre de la poésie persane, Le garçon à la lavande est une oeuvre romanesque d'une éclatante maturité. Fresque familiale dans le monde turco-bulgare, la modernité s'y déploie dans la rencontre fertile des traditions. -
Six heures du soir sur la colline, et l'été s'endort sur la ville paisible : le temps s'arrête, comme il le fait dans cette série de courts textes en prose. Chacun est un roman contenu en quelques phrases, réduit à son coeur précieux de désir et de rêve. Il en émane un sentiment indicible d'absolu et de perte, une nostalgie d'exil auréolée d'un érotisme diffus, perçant toujours à l'horizon de ces saynètes et paysages fantasmés. Paul Kawczak peint les moments d'un exotisme intérieur - des tigres et des enfants, des serpents et des chevaliers, Asie ou Amazonie -, suit les chemins d'une fuite en soi à travers jungles, villes et campagnes organisées « en petits creux, caves ou alcôves intimes ». Le soir est tendre, éternel, en lui se figent les instants, le temps qu'on leur dise adieu.
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Un matin de septembre 1890, un géomètre belge, mandaté par son Roi pour démanteler l'Afrique, quitte Léopoldville vers le Nord. Avec l'autorité des étoiles et quelques instruments savants, Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l'Europe nomme alors le « progrès ». À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l'accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l'art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l'avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle oeuvre d'abomination est la colonisation, et il sait qu'il aimera le géomètre d'amour. Ténèbre est l'histoire d'une mutilation.
Kawczak présente un incroyable roman d'aventure traversé d'érotisme, un opéra de désir et de douleur tout empreint de réalisme magique, qui du Nord de l'Europe au coeur de l'Afrique coule comme une larme de sang sur la face de l'Histoire. -
Thetford Mines, ville phare de l'industrie de l'amiante québécoise, été 1986. Steve Dubois, neuf ans, et le petit Poulin, dix ans, s'abandonnent aux plaisirs de l'amitié. La belle saison est rythmée d'aventures sur les hauts terrils et d'évasions à travers les paysages mi-forestiers mi-lunaires. Les journées des deux inséparables s'écoulent dans l'oisiveté et l'innocence, sur leurs vélos ou allongés dans leur cabane parmi les pins. Or, l'année 1986 est riche en tragédies, et l'une d'entre elles affecte le cours de la vie de Steve comme nulle autre. Cinq ans plus tard, on le retrouve en proie à son obsession : reconstituer son paradis évanoui.
Maniant une langue précise et sensuelle, Sébastien Dulude fait le récit d'une jeunesse fragile et inflammable dans un American Dream ouvrier en perte d'élan. -
Septembre au Nunavik, la toundra se couvre de petits fruits rouges flamboyants. Une jeune femme retourne à Salluit, deux ans après sa dernière visite, et quelques leçons d'inuttitut plus tard. Certains des enfants qu'elle a connus au camp de jour sont maintenant adolescents. Maggie, Sarah, Louisa, Elisapie et Nathan aiment sortir en quatre-roues, pêcher ou encore partir plusieurs jours chasser le lagopède. Ils ont leurs secrets, leurs blessures. Leur enfance s'évapore sous les aurores boréales.
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Quand le bruit court que Miron, le Premier ministre du gouvernement roumain, va être écroué, tout un monde d'argent, de sexe et de relations vacille. Des chantiers de construction aux soirées de la jet-set, La pire espèce suit durant une journée Victor, l'homme de confiance de Miron, au coeur de cet enfer. Parti de rien, il est maintenant millionnaire. Va-t-il trahir celui qui l'a fait ou lui rester fidèle ? Dans ce système ultra corrompu et mafieux, Victor doit composer avec Robert, le propagandiste qu'il a lui-même recruté, Costin, le mystérieux conseiller de l'ombre, Théodor, le chef des Renseignements, Corina, une Madame Bovary moderne gravissant les échelons d'un univers sans pitié, Stéfane et Roxana, le couple littéraire assoiffé de reconnaissance, Gélou la canaille bling-bling et tant d'autres.
Avec cette prouesse monumentale d'écriture, véritable comédie humaine de l'Europe de l'Est, Cristian Fulas, l'un des plus importants auteurs roumains contemporains, déroule le portrait universel d'une espèce soumise à la passion de la domination. Peut-être bien la pire espèce. -
Au coeur d'une vallée sauvage des Carpates, Iochka fabrique du charbon de bois. Quasi centenaire, il aime se taire, boire sec et dévaler ivre les routes sinueuses des montagnes au volant de sa vieille Trabant bleue. Mais le plus souvent, il demeure assis sur le banc cloué à l'extérieur de sa petite maison, se remémorant son existence hors norme. La guerre, les camps soviétiques, Ceausescu, puis la camaraderie du chantier quand il est affecté à la construction d'une voie ferrée qui ne mène nulle part. Là, loin du tumulte de l'Histoire, il expérimente l'harmonie sexuelle auprès d'Ilona, l'amour lumineux de sa vie, et partage l'amitié indéfectible du contremaître, du docteur et du pope, tous trois aussi alcooliques et excentriques que lui. Avec eux, il approche le secret du temps et du bonheur.
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Seule au milieu des paysages grandioses et sauvages du Nord québécois, une femme se raccroche à l'écriture comme à une bouée. La Floune, c'est son nom, vient de quitter les siens. Luttant pour sa survie, elle s'épanche sur le papier, revisitant son passé au sein des Godpèles. Pour cette société profondément démocratique née des vestiges de notre monde, la technologie moderne a la saveur d'un mythe quasi oublié. La pelle joue chez eux un rôle central : outil de sculpture sur neige, elle est le symbole autour duquel leur art de vivre s'est développé. Dès sa naissance, la Floune a été une joie pour les Godpèles, un trésor d'avenir et d'espoir. Elle doit maintenant les fuir, détentrice d'un secret qu'elle ose à peine effleurer. Échappera-t-elle au Loncrisse dont l'ombre noire plane comme une malédiction sur les monts glacés ?
Godpèle rassemble les derniers textes de la Floune, écrits dans une langue qui n'existe pas encore et traduits dans une langue qui n'existe pas vraiment. Gabriel Marcoux-Chabot livre ici une oeuvre unique, méticuleuse et poignante, où la forme épouse le sens. -
Librement inspiré de la vie du peintre Francis Bacon, Tableau final de l'amour fait le récit d'une quête artistique sans compromis, viscérale, voire dangereuse. Dans une Europe traversée par deux guerres s'impose la vision d'un artiste radical dont l'oeuvre entière, obsédée par le corps, résonne comme un cri. S'adressant à l'amant qui lui a servi de modèle - ce « petit voleur inexpérimenté » qui, en pleine nuit, s'est introduit dans son atelier -, le narrateur retrace les errances de leur relation tumultueuse. Avec ce roman, rappelant l'érotisme de Bataille ou de Leiris, Larry Tremblay poursuit son oeuvre de mise à nu de l'être humain.
Il ne fallait pas peindre la surface des choses, mais ce qu'elle cachait. Ne pas peindre l'espace, mais le temps. Ne pas peindre ton corps, mais sa mort. -
En apprenant la mort de Marc-Alain Gauthier-Gagnon dans le journal, le narrateur commence à écrire cette histoire vieille de vingt ans. Une histoire à laquelle il ne pense pratiquement jamais. Il y a pourtant des choses à dire. Dire qu'à dix-sept ans, il était déjà trop vieux pour Marc-Alain, qui en avait trente-sept. Dire qu'il a vécu deux ans avec lui, à l'attendre, à le désirer en vain. Dire qu'il a découvert, longtemps après la rupture, les crimes sexuels de Marc-Alain, accusé d'avoir leurré des mineurs en se faisant passer pour une fille de seize ans sur Internet : Cindy_16. Les crimes avaient-ils déjà lieu à l'époque ? Aurait-on pu le savoir ? Avait-on des soupçons ? A-t-on soi-même été une victime de Marc-Alain ? Dans Cindy_16, cette histoire resurgit, avec ses trous et ses doutes. C'est un objet brûlant, raconté à un bras de distance, avec les bons mots et les bonnes astuces. Il faut toutes sortes de ruses pour apprivoiser la langue et ses effets. Il faut toutes sortes d'inventions pour éviter la honte et le réel.
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Précieux sang fait entendre cinq complaintes d'ouvrières, autant d'échos à un siècle de labeur : allumettière défigurée, femme explosive des usines d'armement, gobeuse d'amiante, besogneuse d'abattoir et couturière d'atelier de misère ; cinq vies anonymes auxquelles Marie-Hélène Voyer prête voix. Dominées par les contremaîtres, ignorées des investisseurs, méprisées du patronat, ces petites mains laborieuses et interchangeables, ces filles recluses dans la rengaine des manufactures y ont laissé leur peau, au bénéfice du capitalisme industriel sans scrupule. Se refusant à toute représentation doloriste ou mythifiante de ces femmes oubliées par l'Histoire, l'autrice déploie une poésie raconteuse et grinçante d'où fusent rires, ruses et révoltes.
Dans le court essai qui suit, Voir avec des yeux de chair, Marie-Hélène Voyer examine la discipline paysanne des corps de son enfance et présente la rémanence lancinante des vies et des images qui hantent son écriture. -
Province du Québec, 1942. Sur Grosse-Île, dans le fleuve Saint-Laurent qu'arpentent les sous-marins allemands, les gouvernements américain, britannique et canadien mettent en place un projet top secret. Des dizaines de scientifiques y sont réunis dans la plus grande discrétion, afin de mettre au point une arme bactériologique nouvelle. Des décennies plus tard, à l'occasion d'un épisode de canicule d'une ampleur inédite, des accès de rage bousculent la petite ville de Montmagny et ses alentours. Elle semble se propager comme une épidémie à mesure que les frappabords se multiplient.
Mireille Gagné fait preuve d'invention dans ce deuxième roman, un livre écologique, subtil et haletant, qui nous recommande d'écouter ce que le vivant essaie de dire : l'équilibre est un état à retrouver. -
Quelque part en Laponie orientale, comme chaque année en juin, Elina a trois jours et trois nuits pour pêcher le seul et unique brochet de l'Étang du Pieu. Or, un cruel génie des eaux règne sur les lieux et complique tout. Elina n'a pas d'autre choix que de pactiser avec les forces surnaturelles des marais et d'affronter Jousia, son premier amour. Pendant ce temps, l'inspectrice Janatuinen enquête sur un mystérieux meurtre qui la mène à poursuivre l'héroïne. Avec l'aide d'excentriques locaux, les deux femmes devront associer leur fougue et leur fureur pour rétablir l'équilibre entre les mondes. Roman virtuose et drolatique, La pêche au petit brochet renouvelle la délicieuse folie qui a fait le succès de la littérature finlandaise.
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Sainte-Anne-des-Chênes, Manitoba. Richard apprend que son grand-oncle Alfred repose entre la vie et la mort à l'hôpital de Saint-Boniface. Ce drame va conduire le jeune homme à revisiter le passé de sa famille métisse dont Alfred était le dernier détenteur. Sous les grandeurs fragiles d'une mythologie riche en coups d'éclats et en gueules de bois se terre une blessure. La honte de parler le mitchif et le français, d'avoir appris ces langues en cachette, mais aussi la douleur d'être l'héritier d'une histoire autochtone tragique, qui a vu ses revendications ployer sous la violence coloniale et dont la culture fut minorée et les terres volées. Or, il se pourrait bien que le terrain familial ait été malhonnêtement bradé par le vieux Gauthier. C'est ce que Richard soupçonne et il veut en avoir le coeur net, ne serait-ce que pour retrouver sa fierté devant la belle Becky.
Avec un sens aiguisé du récit, Matthew Tétreault nous plonge au coeur d'une fresque passionnante et méconnue, l'histoire métisse du Canada, toujours vivante et loin encore de s'achever. -
Révélant une voix exceptionnelle, Homo sapienne suit la vie de cinq jeunes dans la ville de Nuuk, capitale du Groenland. Ils vivent des changements profonds et racontent ce qui, jusqu'à maintenant, a été laissé sous silence : Fia découvre qu'elle aime les femmes, Ivik comprend qu'elle est un homme, Arnaq et Inuk pardonnent et Sara choisit de vivre. Sur « l'île de la colère », où les tabous lentement éclatent, chacune et chacun se déleste du poids de ses peurs.
Niviaq Korneliussen manie une langue crue, sensible et indomptée. Elle parle du désir universel d'être soi, socialement, intimement, confiante que les coeurs et les corps sauront être vrais. -
India est en couple avec Kallas. Ils ne souhaitent pas être parents. Un soir, alors qu'ils sont en visite chez des amis au bord de la mer, trois enfants apparaissent sous la lune suspendue, dans la végétation humide de rosée. Ils se nomment Alexander, Domenico et Grimaldi, ils disent n'avoir ni papa ni maman, pas d'histoire. Les adultes les recueillent pour la nuit. Or, leur arrivée est suivie d'un immense incendie rouge et toxique qui dévaste la région. Fuyant le danger, India et Kallas emmènent les jeunes garçons chez eux, à la ville, et soudain ils forment une famille. Les jours passent dans une spirale ascendante d'amour et d'angoisse.
Johanne Lykke Holm déploie dans ce roman une écriture précise et précieuse, lourde d'une tragédie à venir, comme un étrange orage sur le point d'éclater. Elle dit la tendresse que l'on peut porter aux enfants, mais aussi toute la peur qu'il y a à devenir parent et la crainte de transmettre son malheur en héritage. -
Après vingt-trois ans de mariage, Aram le peintre et Arous la danseuse se rendent dans le Haut-Karabakh, à la frontière de leur pays, pour y faire un choix : tout recommencer chez l'ennemi ou rester en Arménie et poursuivre leur vie chacun de leur côté. En avançant sur la route, ils trouvent les petits corps inanimés de deux enfants, un garçon arménien et une fille azerbaïdjanaise, une vision qui ravivera leurs tempêtes intérieures. Pour conter la destinée de ces jeunes victimes, ces nouveaux Roméo et Juliette, Hovik Afyan nous emporte dans un tourbillon de drames horrifiants, de pigments improbables et de danses salvatrices.
Publiée un mois après la fin de la seconde guerre du Haut-Karabakh, cette histoire - une histoire de rêves et de souffrances - est celle de personnes dont le combat ne finit jamais. -
Une jeune femme du Sud qui, comme les oies, fait souvent le voyage jusqu'à Salluit, parle à Eva, son amie du Nord disparue, dont le corps est dans l'eau du fjord et l'esprit, partout. Le Nord est dur - «il y a de l'amour violent entre les murs de ces maisons presque identiques» - et la missionnaire aventurière se demande «comment on fait pour guérir son coeur». Elle s'active, s'occupe des enfants qui peuplent ses journées, donne une voix aux petites filles inuites et raconte aussi à Eva ce qu'il advient de son fils Elijah, parce qu'il y a forcément une continuité, une descendance, après la passion, puis la mort.
Juliana Léveillé-Trudel livre un récit d'amour et d'amitié beau et rude comme la toundra. Nirliit partage la « beauté en forme de coup de poing dans le ventre » qu'exhale le Nord. -
Thérèse, sur les photographies, semble ailleurs, le regard absent. On dirait qu'elle retient son souffle, protégeant un secret ou ravalant un cri. Depuis plus d'un demi-siècle, Thérèse Lefebvre, née Larin, est disparue et on n'a plus jamais reparlé de tout ça. Alexandra Boilard-Lefebvre, sa petite-fille, souhaite pourtant redonner corps à cette femme qu'elle n'a pas connue, la matérialiser. Elle enquête, elle retrace, elle enregistre et retranscrit, pour remplir les trous de l'histoire. Elle écrit les joies et le drame de cette jeune femme qui, comme tant d'autres housewives des décennies d'après-guerre, a vu ses aspirations englouties dans le confort de banlieues uniformes.
Une histoire silencieuse est l'aboutissement d'un attentif travail de mémoire au plus près des surgissements fantomatiques du passé, et la silhouette de Thérèse apparaît progressivement parmi les mots et les souvenirs, dans la scansion des voix et la blancheur des images. -
Jonna et Mari partagent leur vie entre leur appartement situé non loin du port de Helsinki, où leurs deux ateliers sont séparés par un grenier commun, et leur maison sur l'île, difficilement accessible lorsque le brouillard se lève. Partenaires bienveillantes et bavardes, les femmes peignent, écrivent, sculptent, filment, se retrouvent pour les pauses-cafés et cigarettes ; elles se disputent, se soutiennent, philosophent à propos de tout et de rien. Au crépuscule de sa pratique, Tove Jansson conjugue dans Fair-play trois passions indissociables - le travail, l'amour et la liberté - et offre une profonde leçon de jeunesse, celle de toujours faire de sa vie une oeuvre d'art.
Ingénieuses et tendres, ces histoires sont aussi rafraîchissantes qu'un plongeon dans les mers froides de la Finlande.
- The Guardian
Traduction du suédois (finlande) par Agneta Segol -
Strega est un village dans la montagne que borde un lac noir. Neuf femmes de dix-neuf ans empruntent le téléphérique qui rejoint l'Hôtel Olympic. Filles de mères travailleuses et de pères invisibles, elles ont été envoyées là par leurs parents pour apprendre à devenir des femmes au foyer, en se formant au service de clients qui ne viennent jamais. Le temps s'étire, une sororité résistante s'installe comme un rêve dans le luxe des salles vides. Liqueurs et cigarettes accompagnent l'indolence de ces jeunes rebelles qui vivent dans la lumière brillante du grand parc de l'hôtel. Puis l'une d'elle disparaît. Elle a été assassinée, toutes le pressentent, car depuis l'enfance, elles le savent, la vie d'une femme peut se transformer à tout moment en scène de crime.
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Cette oeuvre de sagesse, jamais encore publiée intégralement en français, fait vibrer tous ses protagonistes d'une émouvante humanité. Un homme qui a trop écouté ses semblables décide de les fuir en prenant la mer, un petit garçon moraliste met à l'épreuve sa famille d'accueil sur une île finlandaise, dans une serre deux vieillards se disputent un banc des semaines durant, en Espagne deux expatriées s'affrontent au couteau en plein défilé de carnaval, ou encore une vieille fille emprunte les souvenirs d'une autre. Au sommet de son art littéraire, Tove Jansson parvient, dans Voyages sans bagages, avec une aisance merveilleuse et un sourire en coin, à dire tout simplement les peurs, les gênes et les joies de chacun de ses personnages.