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Alain Guiraudie
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Où l'on retrouve Jacques Bangor et Jean-Marie Berthomieu, curé très singulier de Gogueluz, héros du roman précédent, Rabalaïre (2021). Les deux amis sont liés par un secret terrible (Jacques est l'assassin du fils de Rosine dont ils sont tous les deux amoureux) et par un autre secret plus étrange encore : le curé emmène Jacques au royaume des morts, par transe, grâce à une infusion de champignons hallucinogènes. Et à force d'amour et d'infusion, de désir de fusion, et sans doute aussi parce que c'est la seule échappatoire pour Jacques Bangor tant l'étau de l'enquête de gendarmerie se resserre autour de lui, ils ont fusionné pour de bon lors d'un dernier voyage. Et nous les avons laissés tous les deux dans le corps du curé. Pour des siècles des siècles poursuit alors les aventures spirituelles, politiques, érotiques, sociales de ces « deux personnages en un seul », qui tentent de diffuser amour et compassion autour d'eux, avec une liberté et une générosité souvent excessives. Mais comment vivre et aimer dans le corps et avec l'esprit d'un autre ? Alain Guiraudie fait de cette question métaphysique et théologique une formidable, drôle et truculente épopée contemporaine, tout à la fois conte amoureux et religieux, fable politique féroce, satire sociale, roman liturgique et d'amour mystique. Nous assistons à de drôles de cérémonies religieuses, à des pratiques sacerdotales plus que bizarres, jusqu'à un exorcisme dangereux pour tenter de libérer et dissocier Jacques et Jean-Marie. Ce nouveau livre confirme l'invention romanesque, réjouissante et sans limites, d'Alain Guiraudie
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- Tu aimes trop d'hommes à la fois, comment je pourrais trouver ma place dans ton coeur ?
- Pourtant tu l'avais trouvée !
- Non, jamais... Tu veux vivre avec des fantômes, moi, je veux vivre avec un homme en chair et en os.
« C'est quoi cette connerie ? » je pense en entendant ça. Je le trouve vraiment gonflé, lui, de me dire des trucs pareils mais je me force à fermer ma gueule, je sais que si je dis quelque chose, Paul va se braquer et
la discussion sera encore plus difficile. Je prends un ton doux, le plus doux dont je sois capable à ce moment-là et je sais pas où je vais chercher ça mais je lui dis :
- Mais les fantômes peuvent devenir de chair et d'os.
- Aucun homme ne pourra être celui dont tu rêves... Même pas moi.
- Même pas toi ? Je lui dis ça et j'essaie de le toucher mais je peux pas, je me dis que ça va le faire partir et je veux qu'il reste
auprès de moi, je suis même prêt à tout pour ça mais tout de suite après, je me retrouve dans une chambre en train de caresser le sexe de Pépé, un petit sexe sans
poil et tout rose et il éjacule plein de merde qui vient se répandre sur ses couilles et il faut que je nettoie mais je sais pas avec quoi.
Prix Sade 2014 -
"- C'est toi qui l'as tué, le fils Fabre ?
Je suis pas du tout surpris par la question et d'ailleurs, je suis même pas sûr que ça soit vraiment une question. J'ai d'abord l'idée de contester mais j'en fais rien, je réfléchis, je me dis que désormais entre Gabin et moi, c'est à la vie, à la mort, il m'a dit des choses, il faut que moi aussi j'y donne une vraie preuve de confiance et même une preuve d'amour, et donc je me tourne vers lui et lui aussi il quitte la route des yeux, juste la fraction de seconde où j'y dis :
- Oui !"